C’est une question que se posent des millions de Français : que peut-on encore acheter avec 1 000 euros par mois de crédit immobilier ? Après deux années de tensions extrêmes sur les taux et d’envolée des prix, le marché donne enfin quelques signes de respiration. Une étude récente du courtier « Meilleurtaux » relayé par le journal « Les Echos » révèle qu’en septembre 2025, un ménage peut acquérir en moyenne 60 mètres carrés dans les vingt plus grandes villes françaises, contre 57 mètres carrés à la fin 2024 et 51 mètres carrés fin 2023. Cette amélioration, certes modeste, symbolise le léger regain de pouvoir d’achat immobilier observé depuis le début de l’année. Mais derrière cette moyenne nationale, les disparités demeurent considérables : entre Paris, où 1 000 euros ne permettent pas de dépasser les 18 mètres carrés, et Saint-Étienne, où la même somme ouvre les portes d’un logement de 144 mètres carrés, deux réalités françaises s’opposent.

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L’accalmie sur les taux d’intérêt redonne un peu d’air aux acheteurs
L’année 2023 avait marqué un point de rupture : les taux des crédits immobiliers avaient grimpé à un rythme inédit depuis deux décennies, dépassant parfois 4,5 % sur vingt ans. Ce choc avait étranglé la demande et paralysé le marché. Depuis le printemps 2024, la situation s’est progressivement normalisée. Sous l’effet de la stabilisation des taux directeurs de la Banque centrale européenne et d’une inflation en repli, les banques ont retrouvé une certaine marge de manœuvre. En août 2025, selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, le taux moyen d’un prêt sur vingt ans s’établissait à 3,08 %, contre 3,26 % en décembre 2024. C’est peu, mais suffisant pour relancer timidement la machine.
Sur le terrain, cette détente se traduit par une amélioration de la capacité d’emprunt : pour la même mensualité, les ménages peuvent financer un bien légèrement plus cher. Un couple empruntant 220 000 euros sur vingt ans rembourse aujourd’hui environ 1 230 euros par mois, contre 1 270 euros à la fin 2023. Cette différence, bien que ténue, peut représenter plusieurs mètres carrés gagnés dans une ville moyenne. La mécanique est simple : chaque dixième de point en moins sur un taux d’intérêt redonne environ 1,5 % de pouvoir d’achat immobilier. Dans un contexte où les prix marquent une pause, cette évolution, aussi modérée soit-elle, change la donne.
Mais le rebond reste fragile. L’OAT à dix ans, référence du coût de refinancement des banques, demeure élevée, tout comme les exigences de fonds propres imposées par la réglementation. Les établissements restent prudents : les conditions d’octroi ne se sont pas assouplies, et l’apport personnel reste indispensable pour convaincre les comités de crédit. L’embellie, donc, n’est pas synonyme d’euphorie. Que ce soit pour investir dans l’immobilier en direct, ou en parts de SCPI.
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Des prix en repli modéré qui contribuent à la reprise
Le deuxième moteur de ce regain de pouvoir d’achat vient des prix. Après la correction brutale de 2023, l’immobilier résidentiel s’est stabilisé en 2025. Les grandes métropoles, longtemps surévaluées, enregistrent des baisses plus mesurées : à Lyon, le mètre carré est passé de 5 625 euros fin 2022 à 4 739 euros en septembre 2025 ; à Bordeaux, de 5 000 à 4 600 euros sur la même période. À Paris, la baisse amorcée depuis deux ans s’est ralentie : autour de 9 000 euros le mètre carré, la capitale reste hors d’atteinte pour la majorité des ménages. Mais cette décélération a permis de rééquilibrer quelque peu la relation entre acheteurs et vendeurs.
Dans les villes moyennes, la tendance est différente. À Saint-Étienne, au Havre ou au Mans, les prix n’ont jamais flambé dans les proportions observées ailleurs. Ces marchés locaux profitent aujourd’hui pleinement de la combinaison taux en recul et stabilité des prix. Résultat : la surface achetable avec une mensualité de 1 000 euros s’est envolée. Dans la Loire, elle atteint désormais 144 mètres carrés, contre 127 fin 2024. Au Havre, 92 mètres carrés sont accessibles, et 85 au Mans. Ces chiffres traduisent l’effet multiplicateur de la baisse des taux dans les zones où les prix sont restés contenus.
Le marché reste toutefois à deux vitesses. Certaines villes voient déjà les prix repartir, à mesure que la demande se réveille : c’est le cas de Nantes, Montpellier ou Toulouse, où la pénurie de logements neufs maintient une tension structurelle. Ailleurs, les transactions demeurent au ralenti, freinées par des vendeurs peu enclins à revoir leurs prétentions à la baisse. L’amélioration du pouvoir d’achat immobilier repose donc sur un équilibre fragile : si les taux remontaient ou si les prix repartaient, le léger avantage conquis serait aussitôt effacé.
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Ce que 1 000 euros permettent réellement d’acheter en 2025
L’étude de Meilleurtaux se base sur une hypothèse simple : un emprunt sur vingt ans, à un taux moyen de 3,08 %, hors assurance, pour un ménage finançant à 100 % le prix du bien. Selon cette méthodologie, la surface accessible moyenne dans les vingt plus grandes villes françaises atteint 60 mètres carrés, soit 9 de plus qu’en décembre 2023. C’est la première fois depuis cinq ans que la courbe s’inverse. Entre 2019 et 2023, les Français avaient perdu en moyenne 12 mètres carrés de pouvoir d’achat immobilier – l’équivalent d’une pièce entière.
Ville par ville, les contrastes sont saisissants. À Saint-Étienne, championne nationale, 1 000 euros mensuels ouvrent droit à un logement familial de 144 mètres carrés. À l’autre extrême, à Paris, cette même somme n’autorise que 18 mètres carrés : l’équivalent d’un studio exigu. Lyon et Nice complètent le trio des villes les plus onéreuses avec respectivement 37 et 35 mètres carrés. Entre ces extrêmes, des villes comme Le Havre (92 m²), Le Mans (85 m²) ou Nîmes (82 m²) tirent leur épingle du jeu.
Ces écarts reflètent non seulement la disparité des prix au mètre carré, mais aussi des dynamiques économiques locales. Dans les métropoles connectées à Paris par le TGV, comme Le Mans, les prix ont bondi de plus de 50 % en dix ans, deux fois plus que la moyenne nationale. Les acheteurs franciliens, à la recherche de surfaces plus généreuses, y ont trouvé un compromis entre coût et accessibilité. À l’inverse, dans des villes industrielles ou en reconversion, la demande reste mesurée, ce qui maintient des prix attractifs.
Il faut aussi rappeler que la simulation de Meilleurtaux repose sur un scénario théorique, sans apport et sans assurance. Dans la réalité, les banques exigent un apport pour couvrir les frais annexes : notaire, garanties, assurance emprunteur. Autrement dit, les 60 mètres carrés moyens constituent un plafond optimiste. Pour la majorité des ménages, la surface réellement accessible serait inférieure de 10 % à 15 %. Mais la tendance n’en reste pas moins encourageante : pour la première fois depuis longtemps, les acheteurs regagnent un peu de terrain.
Une embellie réelle mais fragile
L’amélioration du pouvoir d’achat immobilier constatée en 2025 ne doit pas masquer la fragilité de l’équation. Le marché reste suspendu à l’évolution des taux. Les économistes préviennent : tant que l’OAT à dix ans, indicateur de référence des banques, restera au-dessus de 2,8 %, les marges de manœuvre seront limitées. Les banques, elles, continuent d’appliquer une sélection stricte des dossiers, privilégiant les emprunteurs disposant d’un apport conséquent et de revenus stables. Les primo-accédants, souvent les plus vulnérables, restent donc les grands oubliés du rebond.
Autre facteur d’incertitude : la situation macroéconomique et politique. L’instabilité des finances publiques, conjuguée à un contexte international tendu, pèse sur les anticipations de taux. Une remontée, même modeste, de 0,3 point suffirait à effacer les gains récents. Selon les simulations de Meilleurtaux, un taux à 3,4 % ferait perdre environ 3 mètres carrés de pouvoir d’achat à mensualité constante. De même, une reprise de la demande pourrait rapidement faire remonter les prix dans les zones les plus dynamiques, neutralisant l’effet taux.
Enfin, le ralentissement de la construction neuve continue d’aggraver la pénurie. Le recul de la promotion immobilière et la flambée des coûts de construction limitent l’offre disponible. Or, sans offre nouvelle, la pression sur les prix de l’ancien persiste, même en période de taux bas. Cette situation pourrait entretenir un marché à deux vitesses : des villes moyennes attractives où les acheteurs regagnent du pouvoir d’achat, et des métropoles saturées où la tension demeure.
Pour les ménages, l’enjeu est donc de saisir le bon moment. Ceux qui disposent d’un projet solide, d’un apport suffisant et d’une capacité d’endettement maîtrisée peuvent aujourd’hui tirer profit de la fenêtre de stabilité actuelle. Pour les autres, mieux vaut consolider leur épargne en attendant une éventuelle correction plus nette des prix.