Le premier trimestre 2025 a mis fin à l’embellie observée en fin 2024 sur le marché du Private Equity. Au cours du trimestre, l’annonce par les États-Unis de nouveaux droits de douane (jusqu’à 145 % sur certains produits chinois) a déclenché une onde de choc sur les marchés : la capitalisation mondiale a chuté d’environ 10 000 milliards de dollars en à peine quatre jours. Le FMI a révisé à la baisse ses prévisions de croissance mondiale (2,8 %) et américaine (1,8 %) pour 2025. Dans ce contexte, les banques centrales ont progressivement adouci leurs politiques, l’inflation montrant des signes de recul et le dollar s’établissant à près de -9 % depuis début 2025 . Dans ce contexte, voici un tour d’horizon complet du marché du private equity au cours de ce premier trimestre 2025, des grandes tendances aux performances par zone géographique.
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Une résilience marquée malgré une baisse des volumes
Malgré un univers M&A ralenti, les portefeuilles des sociétés de private equity, plus axés sur les services – représentant près de 50 % du poids total – ont mieux résisté que les indices boursiers, plus dépendants de l’industrie et de l’import-export. Les GPs ont accru leurs efforts de relocalisation et d’optimisation opérationnelle. La baisse de 21 % des transactions sur un an (2 210 deals au T1 2025 vs 2 800 au T1 2024) témoigne de la sélectivité croissante .
Les cessions, elles, ont fortement progressé : 205 milliards de dollars de sorties via M&A, un record depuis 2022, boosté notamment par la vente de Wizpar à Google (32 Md$) et celle de Worldpay à Global Payments (24,3 Md$) .

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États-Unis : un marché solide malgré le contexte
Malgré un environnement mondial incertain marqué par les tensions commerciales et les fluctuations monétaires, le marché du private equity américain a affiché une solide performance au premier trimestre 2025, avec 82,9 milliards de dollars d’investissements, en hausse de 36 % par rapport au T1 2024 (source : LSEG Data & Analytics). Cette dynamique repose essentiellement sur des transactions de grande envergure, qui représentent 87 % de la valeur totale du trimestre — un niveau inédit depuis 2007. Toutefois, le nombre de deals a reculé (61 contre 83 au T1 2024), illustrant un recentrage sur des opérations plus sélectives, souvent dans des secteurs défensifs. La santé (29 %), la technologie (26 %) et les services industriels (23 %) dominent nettement les allocations, tandis que la consommation et les services financiers, plus exposés aux effets du protectionnisme, sont en net repli. Le financement reste stable : les multiples d’acquisition atteignent 11,7x l’EBITDA (en hausse), avec un levier médian de 5,2x et une contribution equity en léger recul à 46,3 %. En matière de sorties, les États-Unis concentrent les plus grandes opérations du trimestre, à l’image de la vente de Wizpar à Google (32 Md$) ou du rachat de Walgreens par Sycamore Partners (23,7 Md$). Enfin, la présence de plus de 1 000 milliards de dollars de dry powder (dont 250 Md$ dans des fonds proches de leur fin de vie) entretient une pression structurelle à l’investissement, assurant au marché américain un niveau d’activité soutenu malgré la volatilité ambiante.
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Europe : un ralentissement net et sélectif
En Europe, la valeur des opérations de buyout est en repli de 38 % sur un trimestre et de 19 % sur cinq ans (26,7 Md€). Le segment mid-market est particulièrement touché, à son plus faible niveau depuis 2007. Seule la région DACH résiste, concentrant 41 % des transactions. Les émissions high-yield affichent 20,7 Md€, mais avec des conditions de financement plus strictes. Parmi les deals majeurs : Opella Healthcare (Sanofi carve‑out) à 8 Md€, Apleona revendue pour 4 Md€ à Bain, Viridium à 3,5 Md€ .
En Europe, les multiples d’acquisition des PME non cotées sont passés à 9,5x EBITDA (–3 % sur un trimestre), stoppant la hausse observée fin 2024. Certains actifs se négocient désormais avec des décotes de 20 à 25 %, ouvrant des opportunités de take‑private.
Asie : recul généralisé
Le premier trimestre 2025 a été particulièrement difficile pour le private equity asiatique, qui enregistre l’un de ses pires bilans en une décennie. La valeur totale des deals a chuté de 70 % par rapport au quatrième trimestre 2024, s’établissant à seulement 14 milliards de dollars, tandis que le nombre d’opérations est tombé à 908 (soit une baisse de 46 % sur un an). Cette contraction marque une rupture nette avec la reprise amorcée en 2024, notamment dans les segments large-cap.
Plusieurs facteurs expliquent cette chute. Tout d’abord, l’absence quasi-totale de transactions de grande envergure contraste fortement avec les records observés aux États-Unis. Ensuite, la volatilité accrue des marchés financiers asiatiques, couplée à la prudence des investisseurs face aux tensions géopolitiques, a freiné les projets de financement. En particulier, les investisseurs internationaux ont fortement réduit leur exposition à la Chine, où le climat reste plombé par les incertitudes réglementaires, la crise de l’immobilier et la stagnation de la croissance.
Le Japon fait figure d’exception relative, avec deux carve-outs notables orchestrés par Bain Capital, qui montrent que le pays reste une terre d’opportunités pour les fonds internationaux. Par ailleurs, l’Inde tire partiellement son épingle du jeu, enregistrant une hausse de 21 % du nombre de deals, même si la valeur totale des transactions y recule légèrement.
IPOs en berne, LBO en baisse et secondaire en plein essor
Les levées de fonds buyout chutent de 41 %, à 34,9 Md$ au T1 2025 – le plus bas niveau depuis 2015. Toutefois, des géants comme KKR, Thoma Bravo et Clearlake préparent des fonds de 15 à 24 Md$. Le rebond dépendra d’un retour à une activité M&A plus soutenue, sans quoi le phénomène « effet dénominateur » pourrait freiner les allocations des LPs.
Les introductions en bourse (IPOs) des sociétés de private equity sont rares : seulement huit aux États‑Unis, levant 4,3 Md$. Parmi elles, CoreWeave (infrastructure cloud – 1,5 Md$) et SailPoint (cybersécurité – 1,4 Md$) ont été les plus remarquées. Toutefois, les cours ont chuté de 4 % en moyenne d’introduction à fin mars. De nombreuses IPOs ont été reportées en raison de la volatilité liée aux tensions commerciales .
En parallèle, les opérations GP-led – fonds de continuation offrant une liquidité différée aux LPs – constituent aujourd’hui près de 50 % du marché secondaire. Elles permettent de prolonger la détention d’actifs à forte valeur dans un contexte de sortie complexe.
Dry powder au plus haut : un signal d’alerte ou d’opportunité ?
Le niveau de « dry powder » — ces capitaux levés par les fonds de private equity mais encore non investis — a atteint un record historique de plus de 1 600 milliards de dollars à l’échelle mondiale fin mars 2025. Ce pic s’explique par un double phénomène : un ralentissement de l’activité M&A et des valorisations encore élevées, couplés à des levées de fonds très dynamiques entre 2021 et 2023. Pour certains, cette accumulation est un signal d’alerte, révélateur d’un marché en tension, dans lequel les fonds peinent à déployer leur capital malgré une pression croissante de leurs investisseurs. Mais elle peut aussi être lue comme une opportunité : dans un contexte de correction des valorisations (baisse de 20 à 25 % sur certaines cibles mid-market), ces liquidités offrent une marge de manœuvre significative pour saisir des actifs à prix décoté. Les fonds les plus expérimentés pourraient ainsi transformer cette période d’ajustement en point d’entrée attractif, à condition de conserver rigueur et sélectivité. À noter toutefois : cette réserve est concentrée entre les mains de quelques grands acteurs, accentuant la polarisation du marché au détriment des structures plus modestes. Le second semestre 2025 devrait révéler dans quelle mesure ce capital pourra être activement mis au travail.
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Sources principales :
Pathway Capital 1Q25 Environment Report, Mergermarket, Pitchbook, LSEG Data & Analytics, FMI, agences annuelles d’IF