Face à la montée fulgurante des arnaques aux faux placements, les autorités françaises de régulation tirent la sonnette d’alarme. En 2024, l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) ont ajouté près de 1 500 nouveaux sites frauduleux à leurs listes noires. Dans un contexte de digitalisation accélérée de l’épargne, les faux conseillers, escroqueries aux cryptomonnaies et usurpations d’identité se multiplient. Retour sur un fléau financier de plus en plus difficile à contenir.
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Une explosion des fraudes malgré la vigilance accrue
C’est un chiffre qui interpelle : 1 460 sites ou acteurs frauduleux ont été identifiés et inscrits sur les listes noires officielles de l’AMF et de l’ACPR en 2024. Soit une hausse de 8 % par rapport à l’année précédente. Derrière ces noms de domaine se cachent de faux livrets, des pseudo-plateformes de trading en cryptomonnaies, ou encore des « courtiers » aux identités volées. Ce phénomène d’usurpation d’identité — banques, assureurs, conseillers, voire régulateurs — est devenu l’arme favorite des escrocs.
Ces dernières années, les fraudeurs ont perfectionné leurs méthodes : sites web clones, communications parfaitement rédigées, interlocuteurs convaincants au téléphone… Le stratagème est parfois si bien rodé que même les investisseurs avertis se laissent berner. « Votre intelligence ne vous met pas à l’abri de la fraude », rappelait récemment Odile Le Goc, membre du directoire de la Banque Transatlantique, lors d’une conférence à laquelle le journal Les Echos a participé.

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Des profils de victimes variés : les épargnants haut de gamme aussi touchés
Contrairement aux idées reçues, les arnaques financières ne ciblent pas uniquement les plus fragiles ou les moins informés. Les clients de banques privées eux aussi sont visés.
La typologie des victimes est large : jeunes actifs attirés par les cryptos, retraités en quête de revenus complémentaires, ou investisseurs expérimentés cherchant à diversifier leur patrimoine. La promesse de gains rapides dans des secteurs comme les diamants, les places de parking ou le private equity constitue un appât redoutablement efficace.
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Une riposte institutionnelle de grande ampleur
Face à cette recrudescence, l’ACPR et l’AMF ont renforcé leur coopération au sein du Pôle commun Assurance Banque Épargne. En 2024, les deux autorités ont analysé plus de 2 200 publicités suspectes, diffusées sur internet, par email ou via les réseaux sociaux. En parallèle, elles ont lancé une campagne d’information baptisée « Arnaque ou Pas ? – Le Mag Info », visionnée plus de 3 millions de fois, selon leur rapport annuel.
Cette veille proactive s’appuie également sur les signalements des épargnants, mais aussi sur un réseau d’alerte alimenté par les établissements bancaires eux-mêmes. Certaines banques privées, à l’instar de Milleis, ont mis en place des cellules de veille interne capables d’identifier les tendances émergentes de la fraude.
Parmi les mesures prises, la mise à jour hebdomadaire des listes noires consultables sur le site ABE Infoservice reste un outil-clé pour les particuliers. Les régulateurs rappellent régulièrement que tout site ou intermédiaire non inscrit auprès de l’AMF ou de l’ORIAS doit être considéré avec méfiance.
Prévenir reste le meilleur rempart
Alors que les moyens de fraude se digitalisent et se sophistiquent, l’éducation financière apparaît plus que jamais comme une priorité nationale. Le ministère de l’Économie, la Banque de France et la Fédération bancaire française ont d’ailleurs lancé, au printemps 2025, une nouvelle campagne de sensibilisation sur les fraudes aux moyens de paiement.
Pour Grégoire Vuarlot, directeur du contrôle des pratiques commerciales à l’ACPR, le message est clair : « Ne répondez jamais au téléphone à quelqu’un qui prétend être votre conseiller financier. Ni les banques, ni les opérateurs de cartes ne vous appellent pour des problèmes de sécurité. »
Outre les appels téléphoniques frauduleux, les mails usurpant l’identité de prestataires reconnus, les faux contrats d’assurance-vie et les promesses de rendements à deux chiffres sont désormais monnaie courante. Le principe de précaution reste donc de mise : ne jamais transmettre de RIB ou d’identifiants, et toujours vérifier l’agrément de l’intermédiaire.
La lutte contre les arnaques, un enjeu européen
Le rapport annuel 2024 du Pôle commun souligne aussi l’importance croissante de la coopération à l’échelle européenne, avec le lancement du label « Finance Europe » et une volonté de mieux orienter l’épargne vers l’économie réelle. Mais cette ambition passe inévitablement par une confiance renforcée dans les circuits de distribution, ce qui suppose une répression plus efficace des escrocs, souvent installés à l’étranger.
À l’heure où plus de 42 milliards d’euros ont été collectés sur des produits d’épargne en France en 2023, contre 23 milliards en 2021, les margoulins du web disposent d’un terreau fertile pour piéger les épargnants. Dans ce contexte, l’encadrement des produits complexes (produits structurés, fonds non cotés) devient une priorité pour éviter que des montages peu lisibles servent de cheval de Troie aux fraudeurs.
Derniers conseils aux épargnants
Le Pôle commun rappelle plusieurs principes de vigilance élémentaire :
- Ne pas se fier aux offres trop belles pour être vraies : un rendement garanti de 8 % ou plus est un signal d’alerte.
- Vérifier l’agrément AMF ou ORIAS de tout conseiller ou plateforme.
- Se méfier des démarches commerciales insistantes par téléphone ou internet.
- Consulter les listes noires régulièrement mises à jour sur abe-infoservice.fr.
- Ne jamais transmettre ses données bancaires sans certitude sur l’interlocuteur.
La responsabilité de chacun est engagée. Si les autorités poursuivent leurs efforts de régulation et de sensibilisation, la première barrière contre la fraude reste la prudence individuelle.
Pour consulter les listes noires officielles des sites frauduleux : abe-infoservice.fr
Pour signaler une tentative d’arnaque : contact@acpr.banque-france.fr