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Entretien avec Sébastien Grasset, directeur général associé d’Auris Gestion
Depuis quinze ans, les fonds indiciels cotés (ETF) ont conquis des millions d’épargnants qui en souscrivent à travers leur contrat d’assurance-vie, en compte titre ou encore au sein de leur PEA. Leur promesse est simple : une exposition aux grands indices mondiaux, à coût réduit, avec une transparence totale. Dans le même temps, la gestion active a souvent été décriée : frais jugés trop élevés, performances jugées insuffisantes. L’étude SPIVA, régulièrement citée, semble d’ailleurs sans appel : plus de 80 % des gérants actifs sous-performent leur indice sur le long terme.
Faut-il en conclure que la gestion active est condamnée ? Rien n’est moins sûr. Car derrière les chiffres bruts se cachent des biais d’analyse, des comportements de gestion hétérogènes et surtout une question de fond : quelle est la vraie valeur ajoutée d’un gérant actif dans un monde de plus en plus complexe et volatil ?
Pour éclairer ce débat, nous avons interrogé Sébastien Grasset, directeur général associé d’Auris Gestion, société de gestion indépendante qui revendique haut et fort son approche entrepreneuriale et son engagement en faveur d’une gestion de conviction. Ensemble, nous avons abordé les limites des ETF, les biais des études, la méthodologie d’Auris et les raisons pour lesquelles la gestion active conserve – voire renforce – sa pertinence en 2025.
L’intégalité de cet échange est disponible sur notre chaîne Youtube en cliquant sur le lien ci-dessous :
« Auris Gestion, une maison indépendante et entrepreneuriale »
Avant d’entrer dans le vif du sujet, Sébastien Grasset rappelle l’ADN d’Auris Gestion.
« Auris est une société de gestion entrepreneuriale et indépendante. Nous accompagnons aussi bien des clients privés que des CGP, family offices ou investisseurs institutionnels. Nos trois métiers : la gestion sous mandat, la gestion collective et la gestion institutionnelle sous contrainte prudentielle pour des assureurs ou mutuelles. Aujourd’hui, nous gérons un peu plus de 5 milliards d’euros d’actifs, avec une centaine de collaborateurs. »
Une précision importante : chez Auris, l’architecture est ouverte. Les fonds maison ne représentent qu’environ 15 % des portefeuilles. Le reste provient d’ETF et de fonds concurrents soigneusement sélectionnés. « Cela traduit notre volonté d’objectivité et d’efficacité. Nos clients ne nous paient pas pour vendre nos propres produits, mais pour faire de la performance », insiste-t-il.
Gestion active vs gestion passive : remettre les définitions à plat
Le débat est souvent biaisé faute de définitions claires.
Gestion active : « C’est une gestion qui cherche à battre un indice de référence en prenant des décisions actives : rotations sectorielles, sélection de titres, ajustement de la sensibilité obligataire. L’objectif est de générer de l’alpha. »
Gestion passive (ETF) : « L’ETF réplique mécaniquement un indice, sans aucune agilité. Son atout : des frais extrêmement faibles, parfois ils sont seulement de 0,10 %/an. Mais sa faiblesse, c’est l’impossibilité d’adapter le portefeuille aux évolutions du cycle. »
Dès lors, l’opposition frontale est trompeuse. « On peut faire de la gestion active avec des ETF. Chez Auris, nous utilisons des ETF comme cœur de portefeuille – pour capter le bêta de marché – mais nous ajustons activement leur pondération en fonction de nos convictions macroéconomiques. L’allocation, c’est ça la vraie gestion active. »
Pourquoi les ETF ont gagné du terrain
L’explication est simple : le coût. Les ETF ont permis à tout investisseur de s’exposer aux grands indices mondiaux – S&P 500, Nasdaq, EuroStoxx 50 – pour quelques points de base de frais. Une révolution face aux fonds traditionnels aux frais supérieurs à 1 %.
À cela s’ajoute une simplicité séduisante : acheter un ETF, c’est acheter le marché. Mais derrière cette promesse se cachent des limites.
Les ETF ne peuvent pas ajuster leur sensibilité aux taux (un handicap pour l’obligataire).
Ils ne permettent pas de réallouer entre secteurs ou styles de marché (croissance, value, qualité).
Ils exposent mécaniquement à des biais de concentration. Exemple : aujourd’hui, près de 30 % du S&P 500 est représenté par les « Magnificent Seven ».
« Se laisser porter par un indice, c’est parfois confortable, mais c’est aussi prendre le risque d’être surexposé sans s’en rendre compte. La composition de l’indice devient votre principal risque », avertit Sébastien Grasset.
SPIVA : le procès biaisé de la gestion active
L’étude SPIVA, souvent citée, conclut que 80 à 90 % des fonds actifs sous-performent. Mais Sébastien Grasset nuance fortement :
« D’abord, le chiffre brut est plutôt 80 % hors frais, 90 % en tenant compte des frais. Mais surtout, environ 30 % des fonds inclus dans cette étude sont des closet indexers. Autrement dit, des fonds qui se disent actifs mais se contentent de répliquer l’indice en y ajoutant des frais élevés. C’est une fausse promesse. »
La clé, selon lui, réside dans l’Active Share : un indicateur qui mesure la différence entre un fonds et son indice. Plus l’Active Share est élevé (>60 %), plus le fonds est réellement actif. « Lorsque l’on isole les fonds avec un Active Share élevé, le match devient beaucoup plus équilibré. De nombreuses études, comme celle d’Invesco en 2015, montrent qu’une vraie gestion active bat régulièrement son indice sur longue période. »
SPIVA, closet indexers et Active Share : ce que disent vraiment les chiffres
L’étude SPIVA est devenue l’arme favorite des partisans de la gestion passive. Elle affirme que plus de 80 % des fonds actifs sous-performent leur indice de référence sur le long terme, un chiffre qui grimpe à 90 % une fois les frais pris en compte. Mais derrière cette apparente évidence statistique se cache une réalité plus nuancée. En effet, près d’un tiers des fonds analysés par SPIVA ne sont pas réellement actifs. Ce sont les fameux closet indexers: des fonds qui se présentent comme actifs mais dont la construction de portefeuille reste quasiment calquée sur l’indice, à peine ajustée, tout en facturant des frais élevés. Leur promesse est biaisée dès le départ et leur sous-performance, quasi automatique.
Pour distinguer les vrais gérants de conviction des pseudo-actifs, un indicateur s’impose : l’Active Share. Plus cet indicateur est élevé – au-delà de 60 % – plus le fonds s’éloigne réellement de son indice, assumant ses choix sectoriels et ses convictions. Plusieurs études, dont celles menées par Invesco, montrent d’ailleurs que les fonds dotés d’un Active Share élevé affichent, sur longue période, de meilleures performances relatives. En d’autres termes, le procès de la gestion active mérite d’être révisé : ce n’est pas l’actif qui échoue, ce sont les faux actifs qui plombent les statistiques.
Là où l’actif bat le passif : exemples concrets
En obligataire
Les ETF obligataires se contentent de répliquer un indice, sans pilotage de la duration. « C’est une limite majeure », explique Grasset. Exemple : le fonds Auris Eurorendement, flexible sur tous les segments du crédit européen, combine IG, High Yield et subordonnées financières tout en pilotant sa sensibilité taux. Résultat : une performance comparable à un ETF high yield, mais avec 50 % d’actifs investment grade, donc plus défensif.
En actions américaines
Le poids des mégacaps fausse l’indice S&P 500. Auris a lancé Gravity US Equity Fund, un fonds sectoriel systématique basé sur un modèle macro et de valorisation. Chaque mois, il sélectionne les trois meilleurs secteurs parmi les 11 secteurs GICS. Depuis son lancement en 2021, il a surperformé le S&P 500 Total Return de plus de 20 % (performance nette de frais).
Rotations factorielles
Croissance, value, qualité : un ETF ne peut pas arbitrer entre ces styles selon le cycle. Un gérant actif, oui. « C’est précisément dans les moments de rupture que l’actif reprend l’avantage. »
Le contexte 2024–2025 : une opportunité pour l’actif
L’environnement actuel – instabilité géopolitique, tensions commerciales, divergences de politiques monétaires – renforce la pertinence de l’actif.
Europe : soutenue par les plans de relance allemands et européens, opportunités dans les infrastructures et utilities. Les small et mid caps méritent une attention particulière.
États-Unis : nécessité de discriminer fortement entre secteurs et entreprises, compte tenu des incertitudes politiques.
Chine : retour progressif de l’appétit pour le marché, après plusieurs années de défiance.
Japon : prudence face au niveau d’endettement et aux risques liés au carry trade.
« L’allocation, c’est le cœur de l’alpha. C’est là que la gestion active fait la différence. »
La « recette » Auris : gestion sous mandat et architecture ouverte
La gestion sous mandat chez Auris repose sur un schéma clair :
Un cœur ETF, pour capter le bêta des grands marchés.
Des satellites actifs, fonds maison ou concurrents, choisis pour leur capacité à générer de l’alpha.
Des briques alternatives, comme des produits structurés ou des fonds de décorrélation.
Chaque mandat est construit selon le profil du client (prudent, équilibré, dynamique) et son enveloppe (CTO, PEA, assurance-vie française ou luxembourgeoise).
Performances passées (à titre indicatif) : environ 6 % en 2024 pour un profil patrimonial, et 10 % pour un profil dynamique offensif.
Mais plus que la performance brute, Auris revendique sa transparence : reporting détaillé, comités d’allocation, recours à des analyses externes indépendantes et outils d’intelligence artificielle pour appuyer les décisions.
Stock & bond picking : qualité, valorisation, momentum
Auris applique une grille simple mais robuste pour sélectionner des titres vifs en direct :
Qualité : entreprises bien gérées, rentables, management solide.
Valorisation : éviter les sociétés trop chères ou spéculatives hors mandats offensifs.
Momentum : capter les tendances en cours. Exemple cité : Pandora, bijoutier fantaisie européen, bénéficiant d’un positionnement unique vis-à-vis des droits de douane.
Côté obligataire, l’approche est similaire : arbitrage IG/HY, recherche de portage, opportunités sur les subordonnées financières.
Les moteurs de performance 2024
Quels ont été les moteurs clés l’an dernier ?
Obligataire : le retour du portage avec des rendements attractifs.
Actions : le « Trump trade » de fin 2024, correctement exploité.
Chine : reprise des marchés émergents, opportunité captée par Auris.
Diversification internationale : un élément déterminant. Les portefeuilles trop centrés sur la France ont souffert avec la dissolution de l’Assemblée nationale.
Pour qui la gestion sous mandat ?
La gestion sous mandat s’adresse :
Aux particuliers patrimoniaux, soucieux de déléguer la gestion de leur portefeuille.
Aux entreprises disposant de trésorerie à placer.
Aux family offices ou multi-family offices recherchant des solutions sur-mesure.
Le ticket d’accès dépend des enveloppes (≈100 000 € pour un PEA, variable en assurance-vie).
L’avantage principal : bénéficier d’une allocation dynamique, de l’expertise de gérants professionnels, de la diversification réelle et d’un reporting régulier.
Conclusion de cet épisode – L’allocation, cœur de la valeur ajoutée
Le débat entre gestion active et gestion passive est souvent présenté de façon caricaturale. En réalité, l’enjeu n’est pas de choisir un camp, mais de comprendre que :
Les ETF sont d’excellents outils, mais pas une solution en soi.
La gestion active retrouve toute sa pertinence lorsqu’elle s’appuie sur une vraie différenciation (Active Share élevé, allocation dynamique).
La clé de la performance durable, dans un monde fragmenté et instable, c’est l’allocation.
« Confier un mandat à une société de gestion indépendante, c’est accepter qu’un professionnel, épaulé par des outils modernes et une équipe expérimentée, prenne les décisions d’allocation à votre place. C’est ça, la vraie valeur ajoutée. » conclut Sébastien Grasset.
À propos de Weelim
Chez Weelim, nous exerçons le métier de conseil en gestion de patrimoine. Notre mission consiste donc à assister, conseiller et guider celles et ceux, particuliers comme entreprises, qui désirent un conseil personnalisé sur l’organisation de leur patrimoine et de leurs investissements. Notre objectif, c’est que vos placements performent dans la durée que ce soit : en assurance vie et plan épargne retraite, en immobilier ou SCPI, en private equity, en crowdfunding, en bourse etc.
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Jérémy Orfeo, Ugo Philippe et Pierre Marsanne – les fondateurs de Weelim
Quels sont les meilleurs placements pour investir en 2025 ?
Évidemment, vous vous doutez bien qu’il n’y a pas qu’une seule réponse à cette question. Il n’y a pas de “meilleurs placements en 2025” mais plutôt “un ou plusieurs très bons placements en fonction de votre profil d’investisseur, de votre situation patrimoniale, de votre horizon et de vos objectifs d’investissement”. C’est pourquoi, c’est toujours très compliqué pour nous de répondre à cette question. Nous pouvons néanmoins vous donner quelques pistes de réflexions, à affiner avec un de nos experts : les SCPI et SCI de rendement, le Private Equity (financier ou immobilier), le Crowdfunding (startup, immobilier ou projets dans les énergies renouvelables), produits structurés ou encore les cryptomonnaies si vous êtes plus opportuniste.
Comment choisir et comparer les différentes SCPI ?
Quand on commence à faire des recherches sur comment investir en SCPI, on se rend vite compte qu’il y a beaucoup d’informations à digérer. Du coup, on arrive vite à se poser cette question : comment bien choisir et comparer les SCPI entres-elles ? Pas si simple quand on est non initié. Il faut tout d’abord s’intéresser aux gestionnaires et à leurs compétences. Ensuite comprendre où et comment les SCPI investissent dans l’immobilier et faire un rapprochement avec les tendances de marché (cycles immobiliers). Et enfin, analyser les indicateurs de performance : évolution du TOF, du dividende, des valeurs d’expertises, des réserves, des travaux etc.
Quelles sont les alternatives aux fonds en euro d’assurance-vie ?
L’assurance-vie reste un des placements préférés des français, et à juste titre puisque c’est l’enveloppe d’investissement la plus souple et la plus flexible sur le marché des placements. Depuis des décennies, ce produit de placement ne cesse d’évoluer pour offrir toujours plus d’alternatives aux fonds en euro dont les performances déçoivent depuis plusieurs années. Il existe des alternatives que l’on appellent communéments des unités de comptes : SCPI et SCI de rendement, produits structurés à capital protégé ou garantie, fonds obligataires datés, fonds de Private equity, opcvm, Trackers (ETF) etc…
A qui s’adressent les contrats d’assurance-vie de droit luxembourgeois ?
Le contrat d’assurance-vie de droit luxembourgeois offre à l’investisseur un cadre d’investissement privilégié : celui du Luxembourg. Le cadre juridique de ce pays offre une plus grande sécurité au capital en plaçant l’épargnant comme créancier prioritaire en cas de faillite de la compagnie d’assurance et l’indemnisation de l’investisseur n’est pas plafonnée (contrairement à la France où le plafond est de 70 000 €). Ensuite, l’investisseur bénéficie de possibilités d’investissement plus large qu’en France et accède à des gestions financière de très haut de gamme.
Le Crowdfunding immobilier est-il le nouvel eldorado des investisseurs ?
C’est indéniable. Depuis plusieurs années le crowdfunding immobilier a pris une place très importante dans le panorama des placements attractifs en France. Avec plus de 9% de rendement annuel en moyenne, et une durée moyenne d’investissement inférieure à 2 ans, il présente de nombreux atouts. Pour autant, ce placement n’est pas dénué de risque, il faut être très sélectif sur les projets proposés sur les différentes plateformes du marché. Nos experts sont à vos côtés pour vous accompagner.
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