Dans l’univers des start-up et de l’investissement technologique, le Baromètre EY du capital-risque s’est imposé depuis plus d’une décennie comme la référence incontournable pour analyser la dynamique de financement de la French Tech. Chaque année, ce rapport dresse un état des lieux complet du capital-risque en France et en Europe, en mesurant les montants levés, le nombre d’opérations, les secteurs en croissance, les grandes tendances d’investissement et les régions les plus actives.
Basé sur des données consolidées, ce baromètre permet de comprendre les forces et les fragilités de l’écosystème entrepreneurial français, de comparer ses performances avec celles de ses voisins européens, et d’évaluer sa capacité à rivaliser à l’échelle mondiale, notamment face aux mastodontes américains ou asiatiques. Il s’adresse à un public large : entrepreneurs, investisseurs, décideurs publics, et plus largement, à tous les acteurs intéressés par l’économie de l’innovation.
L’édition 2024 du Baromètre EY, publiée en mars 2025, prend une dimension particulière. Dans un environnement post-crise, entre incertitudes économiques, compétition technologique mondiale et enjeux liés à la transition écologique, la French Tech a dû faire preuve d’adaptation. Alors que la reprise amorcée en début d’année a laissé entrevoir un regain d’optimisme, la seconde moitié de 2024 a rappelé les réalités d’un marché encore fragile.
La French Tech a bouclé une année 2024 pleine de contrastes. Faisons le point dans cet article.

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Une French Tech confrontée à des vents contraires
L’année 2024 avait pourtant bien démarré. Le premier semestre avait laissé entrevoir une reprise des levées, dans la continuité du rebond amorcé fin 2023. Mais l’essoufflement est survenu dès l’été. Le second semestre a enregistré une chute de 14 % des montants levés, plombé par une certaine frilosité des investisseurs face à la montée des incertitudes économiques et politiques.
Résultat : si le nombre d’opérations reste quasi stable (723 contre 715 en 2023), le montant total recule à 7,77 milliards d’euros, contre 8,32 milliards l’an dernier. Cela représente un montant moyen par levée de 10,75 millions d’euros.
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L’IA générative redistribue les cartes sectorielles
Si 2024 n’a pas été une année de croissance globale, certains secteurs ont clairement tiré leur épingle du jeu. Le segment des logiciels en tête, boosté par l’explosion des projets en intelligence artificielle générative. Les levées dans ce secteur atteignent 3,035 milliards d’euros, en hausse de +46 % par rapport à 2023.
Les fintechs font aussi un retour remarqué avec 840 millions d’euros levés (+32 %). À l’inverse, les secteurs des greentech (-29 %), des life sciences (-17 %) et des services internet (-38 %) sont en net recul en valeur, bien que certains aient progressé en volume.
Dans le top 5 des plus grosses levées, trois entreprises liées à l’IA figurent en tête :
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Mistral AI (468 M€)
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Poolside AI (453 M€)
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HR Path (250 M€)
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Des écarts croissants entre petites et grosses levées
Autre enseignement du Baromètre : la polarisation du marché autour de deux extrêmes. Les levées de moins de 10 M€ et celles de plus de 100 M€ sont les seules tranches en progression (+4 %). En revanche, les tickets intermédiaires (de 10 à 100 M€) affichent tous un repli significatif.
Cette dynamique souligne un phénomène déjà observé : les jeunes pousses peinent à franchir le cap du scale-up, tandis que les startups les plus avancées continuent de séduire les grands fonds, notamment étrangers.
L’Ile-de-France reste ultra dominante
Sans surprise, la région parisienne concentre 67 % des investissements en valeur. Elle est suivie, loin derrière, par l’Auvergne-Rhône-Alpes (10 %) et la Nouvelle-Aquitaine (6 %). Les autres régions sont très minoritaires, en dépit de quelques belles opérations repérées à Nantes, Bordeaux ou Lyon.
La France reste leader en Europe… mais l’Allemagne accélère
Au niveau européen, la France conserve sa place de premier pays de l’Union européenne pour le capital-risque. Mais l’écart se réduit. En 2024 :
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France : 7,77 Md€ (-7 %)
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Allemagne : 7,35 Md€ (+11 %)
Le Royaume-Uni, bien qu’en dehors de l’UE, reste la première place européenne avec 14,07 Md€, malgré un recul de 16 % par rapport à 2023.
L’IA générative : un enjeu mondial dominé par les États-Unis
Au niveau mondial, le rapport EY met en évidence une dynamique très claire : les États-Unis ont repris leur leadership technologique, avec 190 Md$ de levées de fonds en capital-risque en 2024, soit +25 % vs 2023.
Le marché de l’IA générative est particulièrement révélateur :
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États-Unis : 38,32 Md$ levés sur ce segment (+52 %)
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Europe : 4,1 Md$, soit un doublement vs 2023
La France, avec 1,6 Md$, fait jeu égal avec le Royaume-Uni sur l’IA générative. Elle s’impose comme un pôle européen stratégique, grâce à Mistral AI et Poolside.
IPO : les États-Unis redémarrent, l’Europe toujours à l’arrêt
Autre donnée importante : les introductions en Bourse. Aux États-Unis, 15,6 Md$ ont été levés en IPO sur le segment des sociétés financées par capital-risque en 2024. En Europe, c’est le calme plat depuis… 2022.
Cela traduit un marché encore frileux sur le Vieux Continent, où les conditions de sortie pour les investisseurs restent limitées.
À quoi s’attendre pour 2025 ?
L’étude d’EY est claire : les cartes sont rebattues à l’échelle mondiale.
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Les États-Unis accélèrent, portés par un soutien politique fort aux technologies de rupture (IA, cybersécurité, spatial, etc.).
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L’Europe, de son côté, avance avec un modèle plus régulé, misant sur la transition écologique et des technologies responsables.
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La France, enfin, doit concilier les deux : attirer les investisseurs tout en régulant, soutenir l’innovation sans pénaliser l’audace entrepreneuriale.
Conclusion : une année de consolidation pour le capital-risque français
2024 n’a pas été une année record pour la French Tech, mais elle aura permis de confirmer la solidité de l’écosystème. Dans un contexte d’incertitude, 7,77 milliards d’euros levés sur plus de 700 opérations reste un signal de confiance. L’IA générative émerge comme le nouveau moteur de l’innovation, la France s’y positionne comme un acteur majeur en Europe.
Pour 2025, la capacité à financer l’étape d’après — celle de l’industrialisation des technologies — sera clé. Et dans un contexte mondial tendu, la bataille de l’attractivité ne fait que commencer.
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